On parcourt la côte sud-ouest de l’Irlande pour ses péninsules, ses îles ou ses paysages à couper le souffle, magnifiés par la lumière estivale. Et puis, poussé par le crachin, on succombe à la guiness et à la convivialité des pubs.
Des îles au caractère bien trempé
Quelques-unes sont habitées, d’autres l’ont été, mais la plupart des îles sont trop hostiles. Le long du littoral irlandais, elles happent le regard. L’attraction se transforme vite en excursion qui brave la houle.
- « Aux îles du vent, des grands froids du nord… », chantait en 1990, le groupe Gold à propos des îles d’Aran. la rudesse est bien là sur ce sol pierreux d’origine karstique, fertilisé avec du sable et des algues. Inishmore, la plus grande des trois, réserve de splendides points de vue, entre forts et chapelles. On y croise chevaux, vaches et moutons parqués derrière les murets et une peu farouche colonie de phoques.
- Les îles Blasket prolongent la péninsule de Dingle. La plus importante, Great Blasket Island, a été vidée de ses derniers habitants le 17 novembre 1953. Il en reste un musée à Dunkin, juste en face, avec de belles photos et de nombreux témoignages littéraires. Des excursions y mènent à la belle saison.
- La fin de Star Wars VII a été tournée dans le Kerry, sur Skellig Michael. C’est dire la magie de ce lieu classé à l’Unesco. Depuis Valentia Island, grande île accessible par un pont, quelques rares bateaux conduisent les visiteurs privilégiés sur ce caillou hors du temps. Un escalier de 600 marches envahi de craquants macareux mène à six cellules et deux oratoires de pierre. Ici vécurent, aux alentours de l’an 1000, une poignée de moines, perdus entre le ciel et l’eau, avec vue sur Little Skellig et ses milliers fous de Bassan.
Un littoral à grand spectacle
Dans les comtés de Galway, de Clare et du Kerry, la nature règne en maître. Seuls les murets de pierre marquent la présence opiniâtre de l’homme.
- La région désertique du Burren, au sud de Galway, constitue un monde à part. Son nom signifie « lieu de pierre » et elle n’en manque pas…Ni terre, ni arbre, mais un désert de lapiaz karstique fissuré en plaques, à perte de vue. Seules des petites fleurs, dont des orchidées, s’y épanouissent. Ce paradis de randonneurs et des spéléologues se fracasse dans l’océan. Autour de Black Head, la route côtière longe criques et éperons avant d’atteindre Doolin et les falaises de Moher. Culminant à 214 mètres, elles sont inoubliables lorsque le soleil couchant dore les strates de calcaire sous les cris des oiseaux.
- Quatre doigts semblent pointer l’Amérique, qu sud de l’Irlande. Parmi ces péninsules rocheuses, les plus touristiques sont les deux premières : Dingle et Iveragh, et son célèbre circuit appelé l’anneau du Kerry. Depuis le Connor pass, le col le plus élevé du pays (410 mètres), on domine les découpes et les escarpements de la péninsule de Dingle. Plages, émiettements rocheux et ruines religieuses se succèdent, tout comme sur l’anneau du Kerry. Sur ce dernier, on suit Charlie Chaplin à Waterville et Charles de Gaulle qui se retira vers Sneem après sa démission en 1969. Près du domaine et du parc national de Derryname, la plage et les dunes gardent le souvenir de ses promenades.
La pierre et les bpatisseurs
Baissez-vous et vous ramasserez un caillou ! Depuis des temps immémoriaux; on les empile avec soin pour s’abriter.
- L’édifice peut avoir une vocation culturelle comme le dolmen de Poulnabrone dans le Burren ou l’oratoire paléochrétien de Gallarus vers Dingle. Mais il s’agit souvent de cabanes de bergers ou de forts préhistoriques dont les enceintes rondes protégeaient des habitats précaires (Dun Aengnus sur les falaises d’Inishmore ou les nombreux forts du Kerry).
- Les abbayes, ruinées après la réforme d’Henri VIII, et les châteaux médiévaux abondent. À Ardfert, on parcourt les restes de la cathédrale et, en contrebas, ceux d’un prieuré franciscain perdu dans les pâquerettes. Le château de Bunratty, bien meublé, se double d’un parc folklorique avec des maisons reconstituées. Quant à Muckross, près de Killarney, on y visite à la fois un beau cloître planté d’un if et d’un manoir du XIXe siècle avec jardins.
Des villes entre lacs et rivières
L’urbanisation n’a qu’effleuré ces terres arides, très éprouvées par la grande famine de 1845 a 1852 et les vagues d’émigration.
- Killarney ne compte que 14 000 habitants, mais elle rayonne sur l’anneau du Kerry dont elle consitute l’entrée. On y découvre le domaine de Muckross et le château de Ross. Ses environs sont classés parc national avec des forêts, des cascades, des lacs et le Gap of Dunloe, une étroite gorge que l’on parcourt en carriole.
- Galway est la 4ème ville du pays. La piétonne Quay street séduit par ses enseignes et ses crépis colorés. Les étudiants se détendent volontiers vers l’Arche espagnole, reste de fortifications sur les bords de la Corrib…très prisée des saumons.
- Limerick n’est devancée que par Dublin et Cork. On va du château médiéval du roi Jean, au bord du fleuve Shannon, à l’élégant quartier géorgien fin XVIIIe .
La culture du pub
À chaque village, son ou ses pubs…Comme en Grande-Bretagne, c’est le lieu de convivialité par excellence.
- La nourriture y est simple et parfois répétitive, mais bien exécutée et souvent avec de bons produits. Oubliez hamburger ou fish and chips et essayez l’irish stew –ragoût d’agneau -, les poissons parfois fumés, les soupes roboratives. Terminez par une bonne part de carrot cake, un apple pie ou un irsih coffe.
- Qui dit pub, dit bière, et forcément Guinness. La célèbre brune, à la mousse rendue crémeuse par l’ajout d’azote à la pression, se révèle douce au palais. Les locaux l’aiment tant qu’elle a rang de symbole national avec moult produits dérivés.
- Des groupes traditionnels animent les soirées, passant d’une entraînante polka à une larmoyante complainte en gaélique. À la tin whistle (flûte) et au fiddle (violon), s’ajoutent guitare, accordéon, banjo, cornemuse et parfois harpe.